A quel âge commençons-nous à nous intéresser à la vie vécue par nos parents ? Est-ce que cela nous aide à avancer ? Ou au contraire est-il préférable d’ignorer ?
Pour chacune et chacun, l’histoire est différente. Et les besoins aussi.
Il me semble cependant qu’il y a des périodes où notre intérêt est ravivé.
L’enfance et l’adolescence : la curiosité éveillée par les récits
Lorsque nos parents racontent des anecdotes, qu’ils prennent le temps de commenter des photos ou de nous faire rencontrer leur entourage, notre curiosité d’enfant est en éveil et nous voulons en savoir plus. Probablement pour essayer de nous y retrouver dans les conversations des adultes. Inconsciemment aussi pour nous aider à connaître nos racines et nous construire.
Dans ma famille, ma mère racontait facilement ce qu’elle avait vécu mais aussi ce qui était important pour elle. Par contre, mon père était beaucoup plus discret. Il passait sous silence certains aspects et périodes de sa vie. Si nous osions certaines questions personnelles, nous nous faisions gentiment remballer. Ou alors il changeait de sujet.
Mais on peut y arriver par des chemins détournés. Par exemple à 16 ans, intriguée par les idées de mon amoureux trotzkiste, j’ai harcelé mon père pour connaître sa position. J’aimais ces discussions houleuses. J’avais le sentiment d’arriver à le faire sortir de sa réserve. Il se révélait malgré lui.
La parentalité : entre critique et quête de transmission
Une deuxième étape arrive souvent avec la naissance du premier enfant. Il ne s’agit plus tant de savoir ce que nos parents ont vécu que d’apprendre comment ils nous ont élevé. Avec, en arrière-fond, le souhait de décider ce qu’on veut reprendre et ce dont on veut s’éloigner.
Quel plaisir de se positionner, de revendiquer ses propres arguments ! On sent qu’on grandit, qu’on prend des responsabilités. Mais cette étape ne nous aide pas toujours à mieux connaître nos parents. Elle est parfois synonyme de distanciation pour éviter les tensions ou les jugements.
Une relation d’adulte à adulte : un nouvel éclairage sur nos parents
Tôt ou tard, la relation de parent à enfant se transforme en une relation d’adulte à adulte. Et, si la relation est sereine, les échanges peuvent être de véritables cadeaux. C’est le moment de reprendre des questions ou des sentiments jusque-là mis de côté, en prenant le temps de questionner, d’observer, d’échanger pour mieux se connaître, et s’apprécier mutuellement.
Personnellement, ce changement de statut avec mes parents m’a encouragée à m’intéresser à une autre dimension de leur personne, qui dépasse les faits, l’histoire racontée. Il s’agissait pour moi de comprendre comment il et elle avaient vécu les épisodes de leur vie ?
Pour en savoir plus sur mes parents, j’ai pris un détour. En plus des échanges au jour le jour, j’ai travaillé à leur biographie. D’abord celle de ma mère. Puis celle de mon père. Cela m’a permis de comprendre enfin un peu mieux leur personnalité, leur philosophie, leurs valeurs.
Et ce n’est qu’après le décès de mon père que j’ai pu découvrir mes grands-parents paternels. En mettant de l’ordre dans les archives familiales. J’y ai découvert des pépites qui m’apportaient toute la compréhension que je recherchais depuis longtemps. J’aurais bien voulu pouvoir en parler avec mon père, mais il était trop tard.
Mes parents m’enrichissent
Apprendre des expériences de nos parents enrichit notre propre vie. Apprendre de leurs réussites et de leurs échecs peut nous aider pour notre propre parcours. Leurs choix, pour autant qu’ils nous soient connus et conscients, peuvent nous guider dans la prise de décisions.
Et vous, connaissez-vous bien vos parents, leur vécu, leur philosophie de vie ? Pouvez-vous voir les pépites qu’ils portent en eux ?
bonjour Huguette.
Mes deux parents sont décédés depuis longtemps, et même si j’ai pu apprendre beaucoup de choses sur eux, il ne se passe pas de mois sans que je regrette de ne pas les avoir questionné sur tel ou tel sujet, telle ou telle opinion, tel ou tel fait que j’ignorais alors.
J’ai réalisé notre généalogie en remontant loin dans le temps, mais j’aurais tellement préféré que ce soit eux qui me parlent de leurs ancêtres et non de simples actes de naissance ou de mariage ou de décès.
Oui, c’est vraiment un regret que j’ai de ne pas les avoir mieux connus de leur vivant.
Comme je comprends ton sentiment, ma chère Danny. A la retraite mon père s’est lancé dans la généalogie. Cela ne correspondait pas à mon besoin, comme tu dis, de repérer des dates. C’est pourquoi j’ai voulu faire leur biographie, en les questionnant de vive voix, pour comprendre COMMENT ils avaient vécu leurs événements ou leurs relations. Je suis tellement reconnaissante d’avoir pu le faire. Maintenant que j’ai fais de l’ordre dans les archives familiales, j’aimerais aller plus loin en les prenant des les bras…
Merci Huguette pour cet authentique et magnifique témoignage qui me replonge dans l’enfance et me rappelle les récits de Manou et Papy 🥰
Merci Ilham pour ta réaction qui me fait très plaisir. Je suis heureuse que cet article aie ramené en toi de doux souvenirs. Se replonger dans l’enfance, c’est aussi la faire revivre en nous. Nos années précédentes ne sont ni cachées ni oubliées. Elles sont juste sous un tas de feuilles. Il suffit parfois de souffler dessus. 🙂
Merci chère Huguette pour ton bel article. J’ai une question, est-ce
que la jolie photo est celle de tes parents ?
Je me suis aussi intéressée à la généalogie de ma famille, et à la vie de mes parents, ma mère était allemande et par de nombreuses photos j’ai mieux saisi ce qu’a été sa vie, son passé. Avec mon père aussi, lui qui avait fait ses études de théologie à Tübingen et qui
aimait écrire. Je m’y suis effectivement davantage intéressée lorsque j’ai moi-même eu des enfants. Mon père était très actif et
entreprenant, ma mère plus réservée et méditative. Chacun à sa manière a été signifiant dans ma vie, quand j’y pense avec recul.
Avec des qualités que j’appréciais et d’autres aspects de leur personnalités dont j’avais besoin de me distancer. Je suis reconnaissante de leur amour qui s’exprimait différemment chez mon père et chez ma mère. Je repense souvent aux valeurs qu’ils m’ont inculquées, à leur ouverture d’esprit, à leur générosité qui
restent pour moi des exemples, j’y pense avec reconnaissance,
même si parfois il y avait aussi des ombres, des émotions difficiles à vivre, comme dans beaucoup de familles, j’aime penser à mes parents, à leur vie et leur courage.
Merci Marie pour ce beau témoignage. Oui, ce sont mes parents. Une photo accrochée à mon bureau, près de celle de mes enfants. Le souvenir d’un moment qui était très joyeux pour eux.
C’est important, je trouve, de voir les traits de personnalité de nos parents, les valeurs qui leur étaient propres. Pour qu’ils ne soient pas que des moments vécus ensemble. C’est ainsi qu’ils peuvent continuer à nous inspirer.