Quel sentiment avez-vous lorsque vous créez vous-même un objet alors que vous pourriez probablement l’acheter, ou l’emprunter, ou encore le faire faire par un artisan professionnel ?
Une famille artisane et bricoleuse
J’ai grandi dans une famille où il était important d’essayer de faire nous-même ce dont nous avions besoin. Ma mère confectionnait tous nos vêtements, que ce soit en couture ou en tricot. Elle cultivait un jardin potager, préparait ses conserves et confitures. Mon père nous a fabriqué des lits-gigognes alors que ma mère a cousu tous les rideaux, coussins, etc.
J’ai été encouragée à faire de même. Nous prenions le temps pour cela. C’était l’occasion pour ma mère de transmettre ses savoirs, et pour nous de choisir ce qui nous plaisait vraiment.
L’artisanat pour développer nos compétences
Les magasins offraient relativement peu d’objets prêts à l’emploi et peu de diversité dans les produits alimentaires, par exemple. Faire nous-même nous permettait de répondre à tous nos besoins tout en faisant des économies. Nous pouvions ainsi nous entourer d’objets de bonne qualité, profiter de meubles ou de vêtements sur mesure, choisir les matériaux et les couleurs.
D’objet en objet, nous développions nos compétences, nous apprenions, expérimentions, nous nous trompions et nous trouvions des solutions.
Pourquoi faire soi-même quand on peut acheter ?
Depuis, la société de consommation s’est développée, nous poussant à consommer toujours davantage. Nous pouvons acheter la très grande majorité des objets déjà prêts à l’emploi. Ils ont été pensés et fabriqués par des professionnels, dans des ateliers ou des usines. L’achat est devenu facile. Le coût de l’objet entier est en général bien inférieur au coût des différents composants. Nous prenons ce qui est disponible dans les magasins. Tout a été conçu pour servir le plus grand nombre, de manière assez homogène.
Le renouveau du « faire soi-même »
On assiste cependant à des nouveaux mouvements vers le « faire soi-même ».
Je ne me réfère pas à cette tendance des fabricants à nous livrer des meubles en pièces détachées, à assembler soi-même. Je veux parler de mouvements sociaux qui portent les fruits de réflexions sur la santé et la responsabilité sociale et écologique.
Prenons le jardinage. Que nous ayons un coin de terre ou un simple balcon, bon nombre de citadin.e.s expérimentent la culture de fruits et de légumes. Il ne s’agit pas forcément de faire des économies ou d’expérimenter de nouvelles variétés. Il s’agit surtout d’un acte politique. Un refus de consommer des fruits et légumes ayant été cultivés à l’aide de phytosanitaires et ayant subi des transports nuisibles. Une recherche et un apprentissage de méthodes de culture naturelles. Certaines personnes nourrissent même un espoir d’auto-suffisance, d’indépendance, de liberté.
Outre la qualité des aliments, il s’agit aussi d’une volonté d’arrêter une mondialisation qui rime trop souvent avec surexploitation des ouvriers-ères et de la nature. Manger local et, si possible, produire soi-même.
Quelle que soit l’envergure de la démarche, elle engendre une fierté et un désir profond de mieux savourer la nourriture.
Un autre domaine intéressant est celui des produits d’entretien. Nous sommes nombreux.ses à rechercher comment fabriquer nos propres savons, nos crèmes de beauté, nos produits de nettoyage. Nous désirons utiliser des produits de base naturels ou mieux exploiter les propriétés des huiles essentielles, par exemple.
Nous nourrissons ainsi le sentiment de soigner avec sagesse, aussi bien notre corps que notre logement ou l’écosystème.
Refuser les abus de l’exploitation capitaliste, nous mène aussi à la réparation des objets. Nous nous rendons compte que la société de consommation nous invite à jeter ce qui est abîmé ou usagé alors qu’il est souvent possible de réparer, restaurer, relooker. Par ces actions, nous développons notre sentiment de responsabilité.
Pour le moment je vois peu d’élan vers la reprise en mains de la couture ou du tricot, même si la période récente de pandémie a motivé certaines personnes à se mettre ou à se remettre à certaines pratiques. Peut-être que les pénuries probables à venir rendront leurs lettres de noblesse à ces activités manuelles.
Comment acquérir de nouvelles compétences ?
Se réapproprier ces domaines alors que nous n’avons pas forcément acquis les compétences nécessaires dans nos familles ou dans nos formations peut sembler difficile. C’est là où nous pouvons nous réjouir d’Internet qui nous permet d’échanger des conseils dans tous les domaines, et des « repairs cafés » qui mettent à disposition aussi bien des personnes compétentes qu’un espace approprié et les outils nécessaires.
Toutes ces initiatives encouragent le partage : partage de terrains, partage d’outils, partage de connaissances, partage de soucis et de joies.
Merci Ivan Illich
Dans les années 1970, Ivan Illich nous rendait attentives et attentifs au coût réel d’une automobile, compte tenu du temps du travail nécessaire pour payer la voiture, l’essence, l’entretien, etc. Il est temps de reprendre sa critique. Voulons-nous « gagner du temps » ou plutôt acheter du temps en nous offrant du prêt-à-l’emploi ou préférons-nous « prendre le temps » pour l’artisanat ou le bricolage ?
Créer, c’est vivre l’abondance
Créer de nos mains ce dont nous avons besoin ou envie, c’est créer un profond sentiment de richesse personnelle. Développer un tel sentiment, c’est aussi ce que je vous propose dans mes offres de coaching en abondance financière. Prendre conscience que la richesse n’a pas seulement la forme de billets de banque, est un premier pas vers l’abondance.
Personnellement, j’aime retrouver ces défis de mon enfance où notre esprit est titillé, nos compétences intellectuelles et manuelles mises à l’épreuve. La fierté de présenter un objet construit par notre propre force apporte une énergie qui nous encourage à faire plus encore.
Qu’en pensez-vous ?
Bonjour Huguette. Je suis toujours très heureuse quand je vois apparaître ton e-mail annonçant ton article le 1er de chaque mois. Et ce mois-ci encore plus car tu traites d’un sujet qui me tient vraiment à coeur. Comme toi, je suis née dans une famille où maman fabriquait tous nos vêtements (tricot et couture) et cultivait le jardin potager dont elle tirait nombre de conserves pour l’hiver. Cela me semblait naturel, et je ne savais pas apprécier ce travail essentiel à sa juste valeur, allant même jusqu’à avoir honte de porter une écharpe ou un gilet tricotés tandis que mes amies avaient parfois des vêtements « prêt à porter ». Naturellement, j’ai appris et reproduit les savoirs-faire nombreux que j’avais appris, tapissant et peignant moi-même les appartements que je louais, cousant des robes et tricotant des pulls à ma fille et pour moi. J’ai eu la chance d’avoir un mari bricoleur et chaque fois qu’il m’annonçait qu’on allait faire quelque chose de nouveau comme poser du carrelage ou construire une bibliothèque à l’ancienne et que je lui répondais : « mais on ne sait pas faire ça ! » il rétorquais intelligemment « nous allons faire et ensuite nous saurons le faire ». Je suis très heureuse d’appartenir à une génération où même les « intellectuels » étaient fiers de bricoler. Aujourd’hui que je suis invalide, je ne peux plus faire grand chose, mais je me remémore le plaisir ressenti lorsque j’achevais la confection d’une robe ou la remise à neuf d’un logement, et je me réjouis que le « do it yourself » revienne à la mode. Merci pour ton article qui fait chaud au coeur.
Merci pour tes réflexions Danny. Je pense bien que c’est un thème difficile pour toi mais au moins tu as dans ta mémoire des merveilleux souvenirs, à garder bien vivants en toi 🙂
* il rétorquaitT et non rétorquais
Oh, pas grave 🙂 Le message avait tout de même passé.
Bonjour Huguette,
Oui j’adore faire moi même. C’est tellement satisfaisant de voir « son » résultat. il y a longtemps j’vais tout confectionné pour mon chez moi: rideaux, housse de couette, nappes, robes pour ma fille et pour moi. le tricot aussi, quel bonheur. malheureusement j’ai déménagé et donné ma machine à coudre . ma grande passion maintenant est le jardinage. J’attends toujours avec impatience les premières pousses, je bouture, je dorlote, je soigne, j’arrose…
Et la cuisine bien sur. Mais là je suis pas toujours contente du résultat.
Bref « do it yourself ». Aux USA, où j’ai été élevé, c’était à l’époque la garnde mose.
Je t’embrasse
Tu veux dire la « grande mode » 🙂 Ici aussi il y a eu cette mode dans les années 60-70. J’ai l’impression qu’elle revient différemment. L’éternel balancier qui fait que les phénomènes sociaux se ressemblent mais ne sont pas les mêmes :). C’est juste que j’ai pu voir comme tu aimais confectionner les objets de ton environnement. Ca donne du cachet et de la chaleur. Merci pour ton commentaire Tyleen.
Chère Huguette,
comme toi, j’ai grandi avec l’idée de faire de la nourriture avec des produits régionaux et de la saison, de porter des vêtements pendant longtemps, de réparer moi-même les choses cassées ou de les faire réparer, de toujours remettre en question les besoins des consommation. Ainsi, j’ai réalisé mes forces et mes faiblesses; parfois, un soutien est nécessaire. Les repair cafés ne sont pas une idée nouvelle; mais c’est bien qu’ils existent à nouveau; malheureusement, ils sont ouverts beaucoup trop rarement. Récemment j’en cherchais un ici autour de Neuchâtel: Il y en a un dans la ville et un à La-Chaux-de-Fonds, mais « aucun événement à venir n’a été trouvé ». En d’autres termes, beaucoup de persuasion et d’engagement sont encore nécessaires; ton article est certainement un bon point de départ. Bravo et meilleures salutations.
Ces initiatives souffrent probablement d’un manque de communication mais je veux bien croire qu’il y en aie très peu. La seule initiative que je connaisse un peu est Sens Egaux : https://sens-egaux.ch/activites/ateliers/. Merci pour ton témoignage. Peut-être que d’autres lecteurs.trices donneront des adresses ??? Bien à toi