L’avenir de la planète s’est joué à la COP 26 ? Je ne le pense pas.
Les dirigeantes (elles sont peu nombreuses) et les dirigeants de ce monde réunis à Glasgow à l’occasion de la COP 26, ont encore une fois prouvé à quel point ils et elles sont empêtré·e·s dans leurs multiples contraintes, pressions, promesses et illusions. Après deux semaines de négociations, la COP 26 s’est achevée sur un accord minimaliste et décevant.
Mais l’avenir n’est pas noir pour autant. Notre futur est aussi entre les mains de simples citoyennes et citoyens. Les prises de conscience et les actions cumulées de la société civile peuvent renverser la vapeur, provoquer des changements radicaux. Dans un récent article paru dans le Guardian, Georges Monbiot reprend un rapport de 2018, publié dans la revue Science, qui estime qu’une minorité de 25% de la population peut faire basculer une réalité dans une autre, en provoquant un effet domino.
Qui aurait pu imaginer ?
Qui aurait pu imaginer les impacts de Greta Thunberg avec sa grève scolaire pour le climat en 2018 ? Depuis cette date, on observe chaque jour de nombreuses actions lancées à travers le monde. En soulignant l’urgence climatique, les activistes forcent les prises de conscience, aussi bien dans les gouvernements que dans la population. Le cumul de ces manifestations commence à provoquer des changements profonds, qui vont certainement nous amener vers un basculement planétaire.
Il faut nous rassembler et agir en faveur de solutions drastiques
Dans un entretien, Bertrand Piccard, psychiatre, explorateur et environnementaliste suisse, disait « Sans la prise de conscience des jeunes, sans leur grève du climat, beaucoup de dirigeants que j’essaie de convaincre (n.r. à soutenir des nouveautés technologiques prometteuses) me diraient qu’on a encore du temps pour réagir. ».
Bertrand Piccard et l’équipe de sa fondation Solar Impulse souhaitent, en effet, convaincre les décideuses et décideurs politiques de mettre en œuvre le plus rapidement possible, les 1000+ solutions propres et rentables qu’ils ont identifiées pour limiter la création de gaz à effet de serre : des solutions créatrices d’emplois, favorisant l’industrie et générant du profit dans une logique de croissance qualitative. Elles ont pour but de rendre obsolète la croissance illimitée, gaspilleuse et destructrice.
Mais attention aux solutions simplement technologiques
Certaines solutions proposées par celles et ceux qui pensent sauver la planète grâce aux technologies sont à prendre avec précaution, car elles génèrent à leur tour d’autres problèmes. L’électrification des véhicules, par exemple, augmentera les extractions de matières premières pour les batteries et l’électronique, dans des conditions d’esclavagisme que l’on connaît déjà. La préservation des forêts tropicales, dont la destruction est autant un problème écologique que social, engendrera d’autres défis. Lors de la COP 26, les pays africains se sont bien fait entendre à ce sujet, en revendiquant des aides conséquentes pour résoudre les problèmes résultant de l’exploitation effrontée des pays « traditionnalistes » par les pays au « capitalisme avancé ». Ils n’ont reçu que de rares promesses.
En réalité, la solution ne consiste pas à substituer la consommation de pétrole et de charbon par celle des énergies renouvelables. C’est la consommation elle-même qu’il faut réduire et, avec elle, ce qui en découle : les pollutions, les dérèglements climatiques et les problèmes sociaux.
Quand et comment se produira l’effet domino ?
L’effet domino est une théorie qui peut nous aider à comprendre ce qu’il va probablement se passer sur notre chère planète. Devant une rangée de dominos, rien ne laisse présager un changement. Cependant, il suffit qu’une pièce perde l’équilibre et tombe pour entraîner la chute rapide des suivantes.
Reste alors la question du « point de bascule », un moment qu’on ne peut ni planifier ni imaginer.
Cette métaphore illustre l’emballement qui peut emporter un système en le menant d’un état stable vers un autre état stable, en passant par un bouleversement chaotique, voire catastrophique. Avec les changements climatiques, c’est ce moment de bascule qui menace notre monde, en produisant un emballement incontrôlable. Mais ce phénomène peut également se produire dans l’organisation de la société.
Selon le rapport scientifique mentionné plus haut, il suffirait que 25% de la population change d’attitude et de comportement pour faire basculer l’ensemble de l’humanité vers des modes de vie permettant d’éviter la catastrophe.
Nous ne pouvons pas planifier ces changements radicaux, mais pouvons-nous les accompagner vers le monde que nous souhaitons, vers une société plus responsable, soucieuse d’un avenir à long terme, abolissant l’exploitation de l’humain par l’humain, et respectueuse de toutes les formes de vie ? Pour cela nous devons probablement commencer par questionner nos gestes quotidiens, nos réflexes, nos visions du monde et nos croyances.
En conclusion
J’ai envie de reprendre une citation que mon amie Marcelle m’a soufflée :
« Pour ce qui est de l’avenir il ne s’agit pas de le prévoir
Mais de le rendre possible. »
Saint-Exupéry
Merci beaucoup pour cet article que j’ai particulièrement apprécié chère Huguette. Dans cette période vraiment chaotique où l’on aurait facilement tendance à glisser vers la révolte ou la déprime, ton article plein d’espoir fait du bien. Encore merci.
En effet, chère Danny, j’essaie de garder des portes ouvertes sur la lumière pour ne pas nous laisser piéger par la nuit. Qui donc disait qu’il suffisait d’une seule bougie pour que la nuit ne soit plus noire ? Gardons nos bougies allumées :). Merci Danny pour ton commentaire.
Merci beaucoup pour ton article instructif qui ouvre notre horizon.
Je signale un auteur-acteur que j’apprécie beaucoup à ce propos, que l’Atelier du Ruau a invité plusieurs fois à St Blaise: Michel Maxime Egger, dont voici un des multiples excellents écrits: https://trilogies.org/articles/prendre-soin-de-letre-pour
C’est juste, Michel Maxime Egger est une source très inspirante et je te remercie de le mentionner ici. Merci Jean-Claude pour ton commentaire.