
L’essentiel en bref : les découvertes écologiques peuvent nous faire reconsidérer notre compréhension de nos maladies et nos méthodes de soins.
Une nouvelle dans l’écologie de la nature
J’ai appris récemment que des scientifiques ont mené une étonnante recherche. En observant une forêt fortement ravagée par les flammes ils constataient que, non seulement les arbres étaient en réel péril, mais que les oiseaux y étaient totalement absents. Ils eurent alors l’idée d’installer des transistors diffusant des chants d’oiseau. Que se passa-t-il ? Les arbres reprirent vie et force.
Incroyable, non ? Et nous qui croyons que les oiseaux chantent pour communiquer avec leurs semblables, pour attirer l’autre sexe ou pour délimiter leur territoire. Le monde animal, végétal et minéral est bien plus complexe qu’on ne peut l’imaginer, avec une multitude de connexions de tous types, invisibles à nous car souvent cachées (comme ces champignons vivant sur les racines et assurant la communication entre les arbres) ou encore inimaginables car en-dehors de notre logique et de nos perceptions.
La pensée écologique nous pousse vers une compréhension holistique de la vie sur terre. Elle n’est pas fondamentalement nouvelle mais je remarque qu’elle prend de l’expansion. Il y a 50 ans, les recherches n’étaient pas aussi avancées et la population n’était pas si bien informée que de nos jours. Du coup, de plus en plus d’esprits s’ouvrent, se sensibilisent à cette vision globale alors que d’autres s’accrochent à une vision du monde « traditionnelle » où les éléments sont isolés les uns des autres.
Cette pensée « traditionnelle » nous vient de philosophes comme René Descartes qui, au 17e siècle, chercha à simplifier la pensée qu’il estimait trop floue, à rechercher la clarté par des découpages. Puis, pendant Les Lumières cette idée a été reprise, développée, approfondie comme avec Isaac Newton. Elle a aussi été combattue par certains comme Voltaire, Diderot ou Rousseau. Toujours est-il que cette stratégie de distinguer les éléments les uns des autres a façonné de nombreux domaines dans notre vie pendant plus de 4 siècles déjà. Elle nous a certainement rendu service et aidé à découvrir des merveilles. Elle a été déterminante pour notre organisation sociale, pour la recherche de solutions à nos problèmes.
Et pourtant, avec le développement de la pensée écologique due notamment aux questions climatiques et environnementales, cette vision du monde commence à être remise en question. En effet, si nous voulons prendre les bonnes décisions pour notre futur, nous devons probablement changer notre regard, et nos habitudes.
Sommes-nous dans un virage ?
Alors je me demande : sommes-nous dans un virage philosophique ? Ne sommes-nous pas en train d’adopter gentiment cette vision holistique où tous les éléments seraient interdépendants ?
N’est-il pas temps d’ouvrir la porte à d’autres manières de penser et, pourquoi pas, de prendre le virage nécessaire pour la suite de notre vie sur la Terre ?
La pensée écologique, cherchant à comprendre les multiples interconnexions entre les éléments, influence tous les domaines. C’est dans l’air du temps. Je vous propose de braquer mon projecteur sur le domaine médical.
Quels liens y a-t-il entre l’écologie de la nature et nos médecines humaines ?
Cette pensée écologique, qui nous force à tenir compte des interdépendances entre les éléments, m’amène à réfléchir à la médecine conventionnelle occidentale versus les médecines intégratives, nommées plus communément médecines alternatives ? Pour simplifier mon propos, je m’arrête sur la médecine traditionnelle chinoise (MTC) qui est probablement la plus connue, et qui est aussi la plus solide et la plus ancienne[1].
Malgré les avancées dans les recherches et dans les soins, notre médecine conventionnelle actuelle suit encore très souvent une logique de « découpage », considérant peu les liens entre les différents organes et les différentes fonctions. Elle fait peu de cas de l’âme, des pensées, reproduisant ainsi les idées des penseurs comme Descartes qui affirmait une séparation nette entre l’âme et le corps. Il parlait d’ailleurs du corps comme d’une machine.
La méthode chinoise, comme exemple des médecines alternatives, considère l’être humain comme un ensemble de réseaux énergétiques complexes où tous les organes, tissus et os, internes et externes s’interpellent. C’est pourquoi la MTC soignera un foie par acupuncture de plusieurs points dont certains agiront sur le foie (sur ou sous le pied, ou sur le pavillon de l’oreille) complétés par d’autres points relationnels agissant sur les organes « complices ». Avec la MTC la chirurgie n’est pas utile car s’il y a maladie, c’est qu’un organe ou des organes liés ne fonctionnent pas correctement, à cause d’un déséquilibre du flux de la force vitale (qi, prononcé « tchi ») au travers de l’organisme. Il faut donc rétablir l’équilibre et l’harmonie du corps entre les forces naturelles opposées du yin et du yang, qui peuvent bloquer le qi et provoquer des maladies. La MTC demande un système de soins complexe, avec l’acupuncture, les massages, la diététique, la pharmacopée et les mouvements corporels (Qi Gong, Tai Chi entre autres).
Vous l’aurez compris, il s’agit d’une thérapie exigeante, qui prend du temps, et c’est pourquoi l’intervention de notre médecine conventionnelle peut être recommandée pour régler un problème aigu plus rapidement.
J’avoue que j’ai profité de cette double approche lorsqu’on a remplacé mes hanches abimées par des pièces en titane. Avant et après la première opération j’ai aussi cherché à comprendre les causes de ce problème et les gestes à faire pour freiner la progression et éviter autant que possible sa réapparition (par l’alimentation, les compléments alimentaires et le Qi Gong).
Des visions qui se rapprochent
J’ai vu que certains hôpitaux chinois intégraient les deux médecines. Pour divers soins, le malade est placé dans le département « occidental » et pour d’autres soins, ou comme continuation, il est déplacé dans le département « chinois ».
Dans un tel hôpital, la juxtaposition des pharmacies est amusante : une pharmacie occidentale avec les emballages tout prêts sur des rayons tels que nous les connaissons et une pharmacie chinoise, plus grande, avec une multitude de tiroirs. Le.la pharmacien.ne prend la liste des plantes et autres ingrédients prescrits, met par poignées ces éléments sur un grand papier ou tissu et le donne pour en faire des tisanes.
Je n’ai pas encore vu de tels développements dans les hôpitaux suisses. Par contre de plus en plus de praticiens, avec ou sans formation médicale académique, aident leurs patient.es de manière efficace avec des approches et des techniques tenant compte de la globalité des êtres et de leurs maladies.
Ouvrons-nous au monde animal, végétal et minéral.
L’écologie nous ouvre à une compréhension plus holistique de nos mal-être. Elle nous met en relation avec nos environnements, nous rend plus attentives et attentifs à notre mode de vie, nos habitudes souhaitables ou non. Elle nous fait réfléchir à nos besoins, à l’impact de nos choix, aux effets de nos décisions politiques et scientifiques.
Les oiseaux chantent aussi pour nous. Ils oeuvrent chaque jour pour nous aider à préserver la vie sur Terre. Le monde n’est pas un gâteau à découper et à manger par petits morceaux. Le monde n’est d’ailleurs pas à manger ! Il est à choyer et à respecter.
Qu’en pensez-vous ? Êtes-vous d’accord avec mes réflexions ? Cela m’intéresse de le savoir.
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[1] Elle est même beaucoup plus ancienne que notre médecine conventionnelle (les plus anciens signes écrits datent d’environ 1700 av. notre ère, les ouvrages environ 500 av. notre ère)
Oooohhh…très beau cet article sur « les oiseaux qui chantent… » et ton lien que tu tisses avec la médecine et la santé!
Je pense qu’on peut également trouver pleines d’inspirations dans la médecine ayurvédique (qui est d’après mes connaissances la plus ancienne…peut importe!).
En effet dans les cours de Tai Ji & Qi Gong j’amène souvent l’image d’un jardin (le corps) qui est labouré, préparé et soigné pour que les plantes puissent grandir, fleurir et faire des fruits! Ce que je trouve également très intéressant est le lien avec l’écologie… de quelle manière j’habite mon corps, je vis mes émotions et je donne la place à mon âme pour que ma vocation dans cette vie actuelle soit vécue.
Un grand merci chère Huguette pour ces belles inspirations lues d’une manière si agréable, légère et amusante!
Merci beaucoup Renate pour ton retour très inspirant. J’aime bien les parallèles que tu fais dans tes cours. Ca aide à visualiser et à ressentir, se sentir comme un jardin. C’est une belle image.
C’est juste que la médecine ayurvédique est plus ancienne mais je constate quand j’en parle qu’elle est moins connue. C’est pour cela que je me suis focalisée sur la MTC.
En tous les cas, le monde change, et aussi en mieux.
Une belle et pertinente façon de nous faire songer à notre rapport à l’environnement! Bien écrit aussi! Merci!
Merci pour ton commentaire Véronique. C’est toujours intéressant quand une découverte dans un domaine nous en fait dé-couvrir d’autres ! Et tes roulades en forêt auront peut-être encore plus de saveur…
Merci Huguette pour cet article très bien ecrit qui nous offre une vision complète et consolante du monde..
Je t’embrasse.
Plus que jamais peut-être, il nous faut regarder là où il y a de la lumière. Merci Laura pour ton message.
J’aime bien cette découverte de l’influence des chants d’oiseaux ! Cela montre bien l’interdépendance et l’unité au sein du vivant, qui nous dépasse totalement. Et cela devrait nous inciter à beaucoup d’humilité, d’attention, d’écoute, et d’émerveillement. De voir que de plus en plus de gens s’ouvrent me rend aussi confiant pour le futur.
Oui, je crois sincèrement que le monde change, que des nouveaux courants de pensée et de perception se développent et que nous sommes de plus en plus nombreux sur ce chemin. Il faut quelle proportion pour un renversement ? 🙂 Merci Jean-Claude Delavy pour ce soutien.