Bien des situations nous mettent face au défi de ne pas nous laisser prendre par la tristesse de quitter une situation qui nous était familière.
Il nous faut parfois prendre conscience que notre sentiment de perte est une question de point de vue. Cela peut nous aider à comprendre que nous formons nous-mêmes nos sentiments. Alors, quand cela est nécessaire, prenons un peu de distance pour éviter que ces sentiments nous bloquent, nous poussent dans la tristesse, voire dans la dépression, lorsqu’ils sont trop noirs.
Retourner la pièce
Prendre de la distance correspond souvent à se permettre de voir une perte comme un gain. Ouvrir notre regard sur ce qu’une perte nous permet de gagner. Cela paraît parfois irréel, faux, artificiel. Et pourtant, combien de fois avons-nous vécu cette expérience ? Grâce à un changement qui nous semblait terrible, nous avons découvert de nouvelles choses, créé de nouvelles relations, trouvé des solutions, finalement vu le monde autrement ?
Prenons l’exemple de mes petits-enfants qui ont émigré à l’autre bout du monde. Comment ne pas ressentir leur départ comme une perte, une cassure dans tout ce qui a été mis en place au fil du temps ? Objectivement, la situation a changé. La forme des relations aussi. Mais qu’en est-il de leur qualité ? Va-t-elle aussi changer ?
J’ai posé la question à mon petit-fils de 6 ans. Il m’a dit qu’il m’enverrait des dessins. Comment ? Par la poste ? Ce sera par Internet. Je les aurai rapidement, je pourrai les imprimer. A son tour de me poser la question de l’impression. Et quand je l’ai assuré que je pourrai imprimer en couleurs, il a été soulagé.
Je me réjouis de cette nouvelle forme d’échanges. Et je suis certaine qu’à chaque nouveau dessin, toutes les cellules de mon corps se mettront à vibrer, comme si je le prenais dans mes bras.
Perdre un être cher
Evidemment, la situation est très différente lorsque nous avons perdu un être cher, avec qui nous partagions nos joies et nos peines, avec qui nous avions des souvenirs forts et peut-être même des projets. Des sentiments confus nous envahissent, avec la peur de faire preuve de déloyauté, de légèreté, de malhonnêteté peut-être. Et pourtant il ne s’agit pas de renier ce qui a été vécu et ce qui est encore bien présent dans notre cœur. Il s’agit de s’autoriserà avancer d’un pas, faire peut-être un pas de côté, pour trouver un nouveau chemin ou, pourquoi pas, reprendre un chemin personnel qu’on avait perdu ou auquel on avait renoncé.
Le sentiment d’être lié à un être, d’être accompagné parfois, ne dépend pas uniquement de sa présence physique. Personnellement je me sens souvent directement connectée avec mes parents. Cela me réjouit de sentir ou d’imaginer qu’ils m’accompagnent, qu’ils me soutiennent et que nous sommes ensemble, à travers les mondes, indépendamment du temps et de l’espace. J’y ai gagné une relation d’amour que je peux ressentir à tout moment, selon mes besoins.
La peur d’imposer une perte
Et qu’en est-il des pertes que nous imposons à notre entourage ? Ainsi une amie qui a décidé d’emmener son enfant en voyage, le « privant » de 3 semaines d’école. Il s’agissait d’un voyage exceptionnel, qui ne pouvait pas être déplacé, et que les parents désiraient vivre avec leur enfant. Sentiments mêlés de joie mais aussi de forte culpabilité envers l’institution et envers leur enfant.
Pourtant, ce voyage a été un cadeau formidable. Pour la famille, mais aussi pour l’enfant. Pendant trois semaines il a vécu des expériences inoubliables, découvert des endroits extraordinaires, appris tant de choses sur les autres cultures, les autres climats. Ces trois semaines auront été bien plus riches que celles manquées à l’école. L’énergie qu’il a reçue lui fera rattraper rapidement les leçons sautées.
Gagner tout en perdant
A l’inverse, toute expérience qui semble particulièrement positive a aussi sa part d’ombre. Même si tout semble merveilleux, accepter quelques défauts ou désavantages nous évitera les désillusions. Reconnaître cela, c’est être réaliste sans effacer le rêve. Juste être d’accord de perdre un peu quand nous gagnons beaucoup.
Le chemin du bonheur
Pour en revenir au sentiment de perte, ayons la franchise d’observer que ce que nous perdons lors d’une rupture, d’un départ, nous donne la chance de comprendre ce qui se passe au fond de notre cœur. Acceptons nos sentiments, pour pouvoir reprendre le flambeau du bonheur avec sérénité.
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Une longue vue s’il vous plait
Très chère Huguette,
Merci pour cette réflexion, pour ton courage, l’ouverture de ton regard, la positivité de ta pensée!
Je t’embrasse.
Laura
Merci Laura pour ton soutien. J’espère ainsi aider un peu d’autres à mieux vivre ces expériences difficiles. J’ai été frappée d’entendre la plupart de mes ami.e.s compatir pour moi du départ de mes petits-enfants. Je les en remercie car c’est très gentil. Mais rares sont celles qui se sont réjouies de cette aventure.
bonjour chère Huguette. Merci une nouvelle fois pour ton article. Voilà 1 an 1/2, ma petite nièce de 20 ans a été assassinée, et malgré toute ma positivité, j’ai beaucoup de mal à essayer de consoler sa maman et ses grands-parents. A moi, je me dis que cette mort lui a peut-être évité la souffrance d’une maladie, etc. mais que dire aux très proches ?
Merci Danny pour ton commentaire. Je comprends bien la difficulté, d’autant que ce n’est pas toi qui es directement touchée. Quoi que tout de même, j’en suis certaine. Peut-être que la meilleure chose est de la remercier pour toute la joie qu’elle a apporté, essayer de garder sa présence dans leur coeur. Un peu comme je fais avec mes parents. Plus le temps passe et plus je les remercie de ce qu’ils m’ont donné, qui m’aide à avancer.
Huguette,
Ta façon de travailler sur toi-même pour aller toujours chercher le positif dans tout événement est admirable.
Je salue la façon dont tu as soutenu ta fille dans sa courageuse décision d’emmener toute sa famille « au bout du monde ». Ton attitude généreuse, aimante et apaisée doit être un immense soutien pour elle, son mari, leurs enfants, dans l’aventure peu ordinaire qu’ils ont choisi de vivre. Bravo!
Merci Véronique pour ta réaction. Oui, je pense aussi que mon soutien a été bienvenu et qu’il permet à toute cette petite famille de rester dans un lien paisible et créatif. Leur expérience est aussi mon expérience, et j’ai vraiment envie d’y trouver ma joie à travers la leur. C’est bien ce qui est en train de se passer.
Chère huguette,
J’ai perdu 4 êtres chers en 3 mois en 2020 et je dois t’avouer que j’ai eu du mal à trouver du positif à cette situation…
Aujourd’hui, je me nourris de tout ce que ses personnes m’ont apporté et j’ai créé ma bulle d’amour comme toi avec tes parents.
Oui rien n’est jamais tout noir ou tout blanc, et forcément il faut se concentrer sur le positif.
Je te remercie beaucoup pour cette réflexion qui aide à avancer.
C’est toujours un plaisir de te lire.
Sylviane
Je te remercie Sylviane pour ton touchant témoignage. C’est vrai que parfois il faut du temps pour ressortir la tête de l’eau. Il me semble que dans de pareilles situations, la première chose est d’autoriser nos sentiments à nous bousculer, nous faire vaciller et de trouver des moyens pour les exprimer et les partager. Puis, quand le coeur commence à se calmer, il est important de se focaliser sur le présent et l’avenir. On ne peut pas changer le passé mais le passé peut nous aider à avancer, même si cela parait parfois impossible. Se concentrer sur le positif, oui, et regarder aussi le positif qui se cache et qui n’est pas toujours facile de débusquer.
Huguette, tu as raision : tout n‘est pas noir ou blanc. Le monde est très coloré, comme une vue par la fenêtre nous montre. Dommage que tant de gens ne le voient pas (ou plus). Et au printemps, lorsque la nature se réveille, toutes les facettes des couleurs se révèlent.
Merci Vera pour ton commentaire. Tu apportes de la couleur et de la poésie au propos. La photo du chat en noir et blanc était pas mal, non ?
Même quand je retourne la pièce, je suis dans le désarroi. Alors maintenant, je respire dans ce vide, cette incompréhension et je sens cette absence et cette tristesse douloureuse. Que dire du cadeau de cette situation? Je ne le vois pas encore, mais je fais confiance que pour notre fils qui ne veut plus de contact avec nous sa famille depuis 2 ans, qu’il a besoin de cette coupure pour évoluer, comment, pourquoi, aucune idée. Il a le droit d’être qui il est, je l’aime malgré les mots blessants, j’essaie de laisser la magie de la vie opérer, mais quel mystère que cette séparation d’avec son sourire d’avant 💞
Comme je comprends ton désarroi Christiane, et ce sentiment d’impuissance. Dans cette situation, il est bien difficile de voir au moins une petite bougie percer dans la nuit, ou des petits bonheurs cachés. Pour le moment rester dans l’amour et faire confiance dans la vie semble le meilleur chemin. Se préparer à l’accueillir et le lui dire. Probablement que tu l’as déjà fait ? Peut-être trouver une nouvelle façon de le lui dire ? Il arrive si souvent qu’un message n’arrive pas au bon moment et qu’on l’oublie.